Sur la brèche #CahierDeCrise n°5

Journées tourbillonnantes. La ville est froide, aujourd’hui, comme recouverte d’une ombre sans cigales. Pourtant, le temps a recommencé à s’accélérer. L’après-midi se termine et je commence à peine cette chronique du jour. Il faut s’y tenir, au risque qu’elle soit un peu décousue. 

Préoccupation pour quelques grosses entreprises industrielles du port, leurs sous-traitants. Et leurs salariés. Discussions avec des responsables syndicaux, avec Jean Hetsch (le maire de Fos), des directions d’entreprises, le Préfet, ou encore le délégué interministériel qui m’a appelé ce matin... Je suis sur la brèche afin d’évaluer la situation dans le détail, de ne pas subir son évolution et de faciliter les échanges. Le discours du gouvernement sur cette question manque singulièrement de cohérence, ou alors elle est cachée. Restez chez vous d’un côté. Allez travailler de l’autre. Avec des incitations déraisonnables à rompre le confinement tandis que se durcissent les contrôles et les sanctions. Une journaliste de France Info m’a même interrogé sur le recours au traçage numérique pour les personnes porteuses du virus, semble-t-il envisagé par certains du côté du gouvernement. Franchement, ce n’est pas avec ces méthodes intrusives, liberticides et infantilisantes qu’on s’en sortira. Il faut clarifier les messages et ne pas céder au dumping, puisqu’il semble que des multinationales en Europe et peut-être des Etats essayent de maintenir leur effort de production bien au-delà du nécessaire pour prendre des parts de marché. Cela appelle une offensive européenne claire pour ne pas jouer à ça. 

Préoccupation pour les petites entreprises. Plusieurs m’ont saisi de leurs difficultés à faire valoir le dispositif de prise en charge du chômage partiel, en cette période de paye, craignant de surcroît d’en être écartées par une interprétation restrictive. J’ai interpellé le gouvernement et les autorités départementales sur le sujet. Sujet particulier, la situation des producteurs locaux avec l’interdiction des marchés ouverts. Leur production nous est précieuse et même indispensable, qui plus est dans cette période. Au-delà des initiatives existantes de soutien à l’agriculture paysanne, des contacts ont été pris pour que les commerces spécialisés et la grande distribution puisse s’en saisir localement. Le service public peut aussi faciliter ces liens. Je me dis que tout cela méritera des prolongements. Nous devons être très attentifs aux petits. Le commerce des plateformes en ligne, déjà très agressives, va-t-il marquer encore des points avec le recours massif de la période, ou bien la sortie de crise nous verra-t-elle relocaliser notre consommation avec plus d’entrain ? Rendre du temps à notre quotidien pour prendre soin de nous, de nos territoires, de la planète, appelle des dynamiques sociales renouvelées. C’est tout le contraire de cette compétition stupide dans laquelle s’épuisent les humains et la planète pour le profit de quelques uns.

Préoccupation et même révolte de voir le gouvernement utiliser son état d’urgence sanitaire pour inciter les employeurs à imposer la prise de congés confinés et de jours de RTT confinés. Ce sont des droits acquis, ils ne sont pas faits pour gérer les aléas et les catastrophes. N’est-ce pas obscène par les temps qui courent ? Encore une fois, il s’agit d’individualiser la réponse, de la faire reposer le plus possible sur chacune et chacun, alors que les questions posées sont d’une telle ampleur qu’elles appellent forcément un cadre collectif. Sans tricher, l’Etat doit mettre en oeuvre un véritable mécanisme pour prendre en compte ce chômage. Ceux qui sont empêchés de travailler sont bien dans une situation de chômage forcé. Mais rien n’est trop beau pour la régression sociale : j’ai tellement entendu pendant les débats qu’il fallait allonger le temps de travail, et au final exiger des humains plus rentables et productifs... Pendant la crise, l’offensive continue. En tout cas, on a une nouvelle fois la preuve que rien ne se passe sans le travail et qu’il n’est pas de raison que la richesse qu’il crée s’évapore sous d’autres cieux. Je me répète, peut-être...

Préoccupation pour la santé. Colère, même. Colère devant la situation de l’hôpital public. Colère de voir combien nous allons payer le refus d’écouter le mouvement social hospitalier. Tout était dit. Déjà. Et le virus vient en rajouter encore et révéler encore. Cet après-midi, j’ai pu expliquer à une journaliste la proposition de loi que nous sommes en train de peaufiner pour un pôle public du médicament. Il faut une politique publique en la matière et il faut qu’elle soit capable d’une véritable empreinte. On ne peut pas s’en remettre au marché. C’est pourtant le cas pour l’essentiel. Dans la mission d’information dont j’étais co-rapporteur sur les dispositifs médicaux (dont font partie les gants stériles, les masques, les respirateurs...) voici un an, nous avons pu mettre le doigt sur une réalité qui appelle une intervention publique. Nous devons pouvoir nous assurer de disposer de stocks suffisants mais aussi de capacités de production mobilisables. 

Préoccupation pour les EHPAD. Deux interpellations me viennent encore aujourd’hui, montrant la nécessité de tester tous les soignants, notamment pour leur éviter autant que possible de trimballer le virus auprès des plus vulnérables, mais aussi de pouvoir tester les résidents pour prendre des dispositions. Là aussi, je vais alerter qui de droit. J’ai encore ce matin interpellé le gouvernement sur la nécessaire augmentation de nos capacités de test.

Nous avons de gros chantiers devant nous : définir une conception progressiste d’un état d’urgence sanitaire, tant sur le plan des institutions et des libertés que de la santé ; imaginer un plan de relance vertueux économiquement, socialement et écologiquement ; imaginer un plan de soin de l’hôpital et du système de santé (j’ai déjà signé une proposition de loi très récemment sur le sujet)... Ce travail doit se mener en même temps que nous affrontons l’urgence. Parce que la façon dont nous allons gérer cette période va conditionner aussi la suite et parce que cette suite doit se préparer, se penser, s’organiser. Ensemble

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